Un outil au service de l’identification et de la confiance
Les États membres de l'Union européenne, composés actuellement de 27 pays incluant la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne ou encore les Pays-Bas, seront responsables de la mise en place et de l'adoption de ce portefeuille numérique européen. Il sera développé et fourni par ces derniers ou par des acteurs privés agréés comme Docapost, Thales ou encore IDEMIA, reconnus pour leur expertise en identité numérique. Il permettra aux citoyens européens de prouver leur identité en ligne, de partager des justificatifs et attestations électroniques d'attributs (comme un diplôme ou une preuve de revenus) et d'utiliser la signature électronique pour valider des documents ou des transactions. La Commission européenne promeut une vision d’interopérabilité entre les États membres, en définissant un cadre commun qui permettra à chaque portefeuille d’identité numérique d’être reconnu et accepté dans tous les pays de l’Union.
Romain SANTINI nous rappelle l'objectif central du portefeuille européen d'identité numérique : "Ce n'est pas un simple wallet numérique dans lequel on stock des cartes bancaires ou de fidélité. Il s'agit avant tout d'un moyen d'identification électronique fiable, adossé à un cadre réglementaire strict." Ce cadre juridique des transactions électroniques défini par le règlement eIDAS 2.0, garantit un niveau élevé d’exigence en matière de sécurité, de souveraineté et de respect de la vie privée. C’est précisément cette rigueur réglementaire qui permet d’instaurer une relation de confiance entre les citoyens, les services publics et les acteurs privés, une condition indispensable pour encourager une adoption large et durable du dispositif à l’échelle européenne.

Sécurité et protection de la vie privée au cœur du sujet
La sécurité du dispositif est l’un des aspects les plus cruciaux du portefeuille européen d’identité numérique. "Nous devons atteindre un niveau de sécurité suffisant pour protéger les citoyens et les services qui s'appuient sur ce portefeuille", a souligné l’expert. Bien qu’aucun système ne puisse être totalement invulnérable, le portefeuille repose sur une approche dite « Privacy by Design », qui vise à limiter la collecte et le partage d’informations personnelles au strict nécessaire. Concrètement, un utilisateur souhaitant prouver ses revenus à une banque n’aura plus à transmettre l'intégralité de ses fiches de paie. Il pourra fournir une attestation électronique certifiée indiquant simplement qu’il dépasse un certain seuil de revenus, sans révéler le montant exact ni d’autres données sensibles.
De plus, la possibilité d'utiliser un pseudonyme pour certains usages est une avancée qui permet de mieux protéger les données personnelles. Par exemple, un utilisateur pourra prouver son âge ou interagir sur une plateforme en ligne en utilisant un identifiant pseudonymisé, sans révéler son identité complète. En réduisant ainsi l’exposition des données personnelles, le portefeuille renforce le contrôle que chaque citoyen peut exercer sur son identité numérique.
Un calendrier ambitieux pour une adoption massive
La mise en place du portefeuille européen suit un calendrier réglementaire précis. Adopté en mai 2024, le règlement prévoit plusieurs jalons clés. "D'ici novembre 2026, chaque État membre devra mettre à disposition un portefeuille numérique à ses citoyens. Puis, en novembre 2027, les grandes plateformes et services réglementés, y compris les banques et plateformes numériques, auront l'obligation de l'accepter", a expliqué Romain SANTINI.
Cette adoption progressive s’accompagne de la mise en place de standards techniques communs, destinés à assurer que tous les portefeuilles numériques, quel que soit le pays qui les délivre, puissent fonctionner ensemble de manière fluide et sécurisée. L'objectif final est de créer un environnement numérique où chaque citoyen européen pourra accéder à des services, réaliser des transactions et prouver son identité de manière simple et sécurisée, quel que soit son pays de résidence, sa nationalité, le type de service (publics ou privés) ou encore l’appareil utilisé.
