Une saison sous haute tension numérique
Chaque été, les pics de mobilité mettent à rude épreuve les systèmes d’identification à distance. Dans les aéroports, par exemple, l’automatisation des contrôles d’identité devient incontournable pour absorber les flux. À Amsterdam Schiphol, le système biométrique « Seamless Flow » permet aux passagers d’effectuer leur enregistrement, le dépôt des bagages et l’embarquement à l’aide de la reconnaissance faciale. Objectif : réduire les files d’attente et améliorer la sécurité, tout en fluidifiant le parcours passager.
Mais cette automatisation n’est pas sans défis. En juillet 2023, le système de vérification d’identité numérique de l’aéroport d’Heathrow à Londres a été temporairement désactivé en raison d’un incident de traitement des données biométriques, causant des retards majeurs. Même phénomène à Lisbonne, où des files d’attente massives ont été observées à cause d’un dysfonctionnement des eGates pendant un week-end d’août. Ces situations illustrent la fragilité des infrastructures numériques face à une demande exceptionnelle.
Et ce phénomène dépasse les frontières européennes : aux Émirats arabes unis, la plateforme « Smart Gates » de l’aéroport de Dubaï permet aux voyageurs de passer les contrôles frontaliers en quelques secondes grâce à la biométrie. Mais les autorités ont dû restreindre temporairement son accès pendant l’été 2024, face à une recrudescence de tentatives d’usurpation d’identité par des documents falsifiés ou mal numérisés.
Locations, mobilité, tourisme : des usages étendus
Au-delà des aéroports, la vérification d’identité numérique s’invite dans tous les moments clés des vacances : location de voiture, réservation d’hôtel, enregistrement en ligne… De nombreuses plateformes exigent désormais des justificatifs numériques sécurisés (pièces d’identité, preuve de résidence, selfie vidéo). Ce phénomène, appelé « KYC – Know Your Customer », est central pour lutter contre la fraude, mais peut aussi devenir un casse-tête en cas de réseau instable ou de mauvaise reconnaissance faciale. Certaines start-ups européennes spécialisées dans l’identité numérique, comme IDnow (Allemagne) ou Onfido (Royaume-Uni), voient leur activité grimper de 30 à 50 % pendant l’été. Ce pic saisonnier nécessite des investissements spécifiques en capacité de vérification et en lutte contre les faux documents.
Vers un cadre européen avec eIDAS 2.0
C’est ici qu’intervient le règlement eIDAS 2.0, entré en vigueur en mars 2024. Ce texte vise à établir un cadre européen d'identité numérique interopérable, notamment via la mise en place de portefeuilles d'identité numérique (les EU Digital Identity Wallets). L’objectif : permettre à tout citoyen européen d’accéder à des services publics et privés (voyage, santé, banque...) en s’authentifiant de manière sécurisée et standardisée, partout en Europe.
À l'été 2025, plusieurs projets pilotes sont en cours dans des pays comme l’Espagne, les Pays-Bas et la Suède, pour tester ces portefeuilles numériques dans des situations concrètes : enregistrement dans un hôtel, accès aux transports ou vérification d’âge. Ce déploiement progressif pourrait transformer l’expérience de mobilité estivale dans les années à venir, tout en offrant une réponse unifiée aux défis de sécurité numérique en saison haute.
À mesure que l’été intensifie les mobilités, il révèle aussi les limites et le potentiel des technologies de vérification d’identité numérique. Si l’expérience utilisateur s’est nettement améliorée ces dernières années, la fiabilité et la robustesse des systèmes doivent encore évoluer pour absorber les pics estivaux. Le cadre eIDAS 2.0, en favorisant l’interopérabilité à l’échelle européenne, ouvre une nouvelle voie : celle d’une identité numérique plus fluide, plus sécurisée, et mieux adaptée à notre monde hypermobile, été compris.